YWC#10 : la nouvelle place de la République
Date : 22 octobre 2016
Heure : 10h
Où ? Le Royal Hôtel – Place de la République, Caen
Invité : Gilles Guérin, membre de l’équipe du projet Sedelka-Printemps retenu pour la construction d’un centre commercial à la place du parking de la rue Saint-Laurent.
Le projet d’aménagement du parking de la rue Saint-Laurent est contesté par une partie de la population caennaise. Il nous semblait important de donner la parole à l’équipe qui a remporté le projet afin de pouvoir entendre ses arguments.
La consultation
“Le projet République a commencé très en amont. La consultation portait sur la partie ouest de la place de la République. Objectif : construire sans dénaturer le site.”
Histoire de l’urbanisation de la place de la République
“Jusque fin xvi ème, il s’agit de prairies inondables. Le lieu s’appelle les grands et les petits prés, traversé par la chaussée Saint Jacques qui préfigure la rue de Strasbourg. La fin du xvi siècle marque le début de l’urbanisation de la place. 1637 marque la construction des premiers hôtels sur les façades est, nord, sud en devenant la place de la chaussée.
La place devient place royale fin xvi avec l’installation d’une statue de Louis xiv, statue en pierre détruite en 1791. Cette statue sera remplacée par une autre, plus moderne, après 1820. La plantation de tilleuls se produit vers 1740, et l’installation de l’hôtel de ville sur le site des eudistes fin 18ème.
Le plan d’aménagement de reconstruction de Caen conservait un îlot constructible sur l’emplacement de l’hôtel de Ville. Dans les faits, années 1950-60 on aménage un espace public avec la volonté d’étendre la place de la République jusqu’à la rue St Laurent avec une perspective centrale via une fontaine. La place n’est pas séparée par une rangée d’arbres mais on observe de nombreuses plantations pour dissimuler les nombreux stationnements.
Le PLU (plan local d’urbanisme) consacre depuis les 70’s l’espace ouest comme réservé pour les stationnements et espaces verts, donc en terrain non constructible. Dans les années 1990, le PLU prévoit une ouverture vers la cité Gardin (1999).”
Le projet Viguier-Sedelka
Nous interrogeons Gilles Guérin sur les résistances que rencontre le projet auprès de la population caennaise.
“Le projet de Viguier reprend la topographie de la partie ouest de la place en reprenant l’emprise de l’ancien bâtiment religieux et en surélevant les arbres plantés sur la place et les mettant sur le toit. La place publique pré-existante se retrouve par conséquent sur le toit du centre commercial. Le choix du verre permet de respecter les façades historiques entourant le lieu.”
La situation du commercé à Caen
Gilles Guérin nous livre ses observations sur le commerce en centre-ville de Caen : “Il va globalement bien. Le taux de vacance inférieur à la moyenne nationale (entre 6% et 7%). Le centre des rives de l’Orne ne rencontre pas le succès escompté au départ, à cause de la crise économique et de la création de Mondevillage. Mais la fréquentation a augmenté, le chiffre d’affaire également (environ 32 millions d’euros). L’ouverture prochaine de la bibliothèque, le développement des logements sur la Presqu’île devraient lui donner un souffle d’activité supplémentaire.”
La question de la privatisation d’un espace public
“Le projet Sedeka-Printemps s’appuie sur des sociétés familiales, implantées à Caen, et vivant sur notre territoire. La question de la privatisation de la place doit donc être relativisé au regard de cet argument. Même un terrain public, dépendant de l’Etat, peut échapper au contrôle démocratique (ex : le tribunal de Caen situé à côté de la Préfecture).”
Le volet commercial du projet
“Le développement commercial est un objectif pour permettre au centre-ville de conserver des équipements d’attractivité générateur de flux indispensable pour la survie du centre. L’idée est d’y attirer des enseignes nationales dont le développement sur le territoire du Grand Ouest est encore limité, de façon à attirer des consommateurs issus d’une très grande zone géographique, comme ce fut le cas avec la FNAC dans les années 1970. Il sera également fait une large place aux commerçants indépendants, notamment dans la halle gourmande, qui en prévoit une trentaine. Des lieux de co-working seront installés au-dessus de cette halle afin d’offrir des espaces qui n’existent pas dans Caen, sur un modèle très cosy qui fonctionne très bien à Rouen.”
Un second appel à projet
“L’aspect urbanistique sera traité au cours d’un second appel à projets, lancé par la mairie en janvier. Les liaisons douces n’ont pour l’heure pas été prévus dans le projet. L’idée serait plutôt d’avoir des voiries partagées, de pacifier les espaces, sur le modèle de la place Saint-Sauveur. Les espaces publics ne doivent pas être conçus uniquement pour la voiture. La diagonale proposée par Viguier correspond parfaitement à l’utilisation du lieu, tandis qu’un miroir d’eau permettrait de lui conférer un standing et un aspect ludique.”