Chiffres de l’INSEE : que retenir pour Caen et la Normandie ?
L’INSEE a dévoilé il y a quelques jours le résultat du recensement de la population française de 2012 à 2017. Décryptage dans le cadre caennais et normand.
Une Normandie à la traine au niveau national
La Normandie voit sa population augmenter mais moins fortement que la plupart des autres régions. Seules la Bourgogne-Franche-Comté et la Région Grand-Est font moins bien en métropole. Cette tendance n’est pas nouvelle : la Normandie, moins pourvue que les autres régions en grandes fonctions stratégiques depuis plusieurs décennies, peine à attirer de nouveaux habitants, faute d’offres d’emploi conséquentes. Il est par ailleurs trop tôt pour juger de l’apport de la réunification de la Normandie de 2016.
Les petites communes attirent, pas les villes
À l’intérieur de la Normandie, on observe trois tendances. Sur les cinq départements, deux attirent : l’Eure suivie du Calvados. La Seine-Maritime stagne, tandis que la Manche et plus encore l’Orne perdent des habitants, en ville comme en campagne. Dans l’Eure, les petites communes rurales attirent alors qu’Évreux, la préfecture, voit sa population baisser. En Seine-Maritime, on observe peu ou prou la même tendance, avec notamment la ville du Havre qui continue à perdre des habitants.
Dans le Calvados, la situation est particulière, avec l’agglomération caennaise qui attire des habitants. Toutefois, cette attractivité est à nuancer :
1/ la ville-centre de l’agglo continue de perdre des habitants et se rapproche de la barre des 100 000 habitants. Si cette barre est franchie, les dotations publiques risqueront de baisser. Le phénomène de périurbanisation continue donc à Caen.
2/ Au vu des dynamiques normandes, Caen semble surtout attirer les Normands de l’Ouest. Caen bénéficie donc d’un rayonnement local, mais pas au niveau national. Cela souligne le manque d’attractivité de la Normandie, Caen étant le pôle régional le plus attractif (ou le moins rejeté en fonction des interprétations). La « métropolisation » de la Normandie reste faible et concerne surtout l’agglomération caennaise, ce qui montre que le statut de métropole n’augure en rien de la réalité d’une métropole.
Quelles solutions ?
La démographie n’étant pas une science exacte, les solutions-miracles n’existent pas. Toutefois, quelques idées en ressortent :
1/ À Caen (et pas que !), une régularisation de la périurbanisation, avec un débat sans question taboue (fusion de communes dans l’unité urbaine caennaise, régulation plus stricte de projets de logements, accessibilité, prix…), est de plus en plus nécessaire. La réticence toujours présente à poser les bonnes questions doit cesser.
2/ À l’échelle de la Normandie, une plus forte collaboration des acteurs pour attirer de nouveaux acteurs est urgente. Cela passe en outre par un arrêt des rivalités régionales, attisées notamment une remise en cause de plus en plus pressante par certains responsables, notamment à Rouen, des arbitrages politiques réalisés lors de la fusion (Université, siège de l’autorité portuaire Haropa, justice, administrations publiques…).