YWC#18 : Re-dynamiser les relations internationales à Caen
Notre session de février était consacrée aux relations internationales et à la manière dont Caen pourrait, dans les années à venir, tirer son épingle du jeu. Pour en débattre, nous avons reçu Lesley Coutts, ancienne directrice des relations internationales à la mairie. Petit tour d’horizon du passé et projection vers le futur.
Jean-Marie Girault, membre des équipes d’urgence durant les bombardements qui ont frappé la ville, fut l’un des premiers maires à vouloir se tourner vers l’international, à travers notamment la volonté de participer à la réconciliation franco-allemande en 1962. Il fit le choix de recruter des profils internationaux, imprégnés de la culture des pays avec lesquels il souhaiter coopérer. C’est dans ce cadre que Lesley Coutts a rejoint l’équipe.
Peu à peu, des relations se sont nouées avec différentes villes. Thiès, en 1957, avec une concrétisation en 1991 à travers le développement de l’aide au développement. Le Sénégal résonne de façon particulière à Caen puisque Senghor, ancien président, marié à une Normande, a vécu à Verson. Il reste peu de trace des coopérations, mis à part l’avenue de Caen, qui rappelle l’action menée par la ville.
Les relations se sont ensuite développées avec les Etats-Unis. Les barreaux de Caen et Nashville ont noué des liens. Daniel-Charles Badache s’est beaucoup investi sur ce sujet. Alexandria ensuite, dans la banlieue de Washington DC, grâce à un ancien maire qui était aussi député américain et dont le grand-père avait débarqué en Normandie.
Au moment des révolutions dans les pays de l’est, un pacte d’amitié avec une ville de Roumanie a été signé, puisque la Croix-Rouge caennaise était sur place. Philippe Duron a souhaité transformer ces liens en convention de partenariat. La région a ensuite développé un partenariat avec la Macédoine, qui s’est concentré sur l’aspect patrimoine, selon le souhait de Philippe Duron.
Une première loi a été adoptée en 1992, l’international étant un domaine exclusivement réservé à l’Etat, pour réglementer l’autonomie des collectivités locales, dans la limite de nos compétences et des engagements internationaux de la France. Une loi a ensuite été votée en 2007, pour transformer l’action humanitaire en co-développement.
En 1995, les relations internationales évoluent au sein de la mairie de Caen : le maire n’est plus président d’honneur des associations, afin de clarifier le processus de subvention. Les associations s’autonomisent petit à petit mais peinent à se renouveler.
Le jumelage avec Portsmouth est illustratif du challenge à relever pour redynamiser les relations internationales à Caen. Peu de Caennais ont visité notre ville jumelle, alors que les bateaux de la Brittany Ferry sont vides entre Octobre et Mars. Portsmouth a finalement décliné la proposition qui nécessitait de lever les taxes portuaires sur les passagers durant cette période. Malgré les 30 ans de la coopération, cette idée n’est jamais parvenue à s’imposer. Celle visant à accueillir le départ du Tour de France, suggérée par Portsmouth, n’a pas abouti non plus.
Le jumelage avec Würzburg a été centré autour des sujets environnementaux, avec des réflexions menées sur le tramway, les réseaux de chauffage et la centrale au bord du Main.
Le développement des relations internationales au sein d’une ville dépend beaucoup de la volonté du maire. Jean-Marie Girault (réconciliation) et Philippe Duron (développement international, projets européens, asso des RI ARICODE) ont été les plus actifs. L’intégration des quartiers a été initié par M. Duron, à l’image de jeunes de la Guérinière mobilisés pour sensibiliser la population sénégalaise à s’inscrire à l’Etat-civil, sous l’angle théâtral. La mission locale a sélectionné les jeunes qui ont passé quinze jours à Thies pour travailler avec des artistes sénégalais.
La part des relations internationales dans l’action municipale a beaucoup diminué ces dernières années. Un angle plus économique est parfois donné à certains déplacements, comme la promotion des startups caennaises aux Etats-Unis ou l’installation prochaine de Moho, un incubateur d’idées en lien avec des partenaires internationaux (Berkeley), dans les locaux de l’ancienne concession Renault. Des opportunités économiques ont été manquées comme la venue de Dell Computer dont le siège sociale est à Nashville.
D’autres freins demeurent importants comme la maîtrise de la langue anglaise chez les élus et le personnel administratif. Des coopérations n’ont pas pu se concrétiser comme avec la ville suédoise de Linkschoeping ou le Canada.
Idées :
1- Développer les échanges avec Portsmouth. La rénovation des centre-villes est une problématique qui concerne les deux villes. Développer les traversées gratuites à destination des habitants pour intégrer les deux villes sur le plan géographique. Portsmouth reçoit 8 millions de visiteurs par an. Imaginer des croisières intégrant Portsmouth, Londres et Caen, à destination des visiteurs américains.
2- Mobiliser le réseau des avocats d’affaires pour développer les relations économiques, notamment avec Nashville dont le développement est fascinant. La ville gagne 8000 habitants par ans.
3- Créer une association “Caen international”, regroupant l’ensemble des acteurs chargés des RI à Caen (université, etc.). Les financements seraient regroupés pour offrir des opportunités aux acteurs Caennais.
4- Présenter la ville de Caen à différents prix internationaux pour augmenter sa notoriété (ex. le prix Bloomberg). Joindre le Mémorial à la candidature de l’UNESCO pour intégrer la ville de Caen à cette démarche régionale.
5- Placer les relations avec les villes-jumelées sous l’angle de la vente de produits dans des lieux au sein de chacune des villes.