YWC#5 : les défis de la métropole caennaise
Date : 26 septembre 2015
Heure : 9h30
Où ? Le Royal Hôtel – Place de la République, Caen
Bonjour à tous,
Invité : Patrice Duny, directeur de l’agence d’urbanisme de Caen-Métropole : “les défis de la métropole caennaise”
Logement, économie, transports, sièges de décision, commerce, les principaux enjeux du développement de la métropole caennaise nous ont été présentés en quelques graphiques.
1- Caen, une ville nouvelle
2- Une métropole normande ?
3- Retisser nos liens avec Paris ?
“Il s’est constitué au fil de l’histoire un ensemble industriel/tertiaire entre la Normandie et Paris, qu’il faudrait réhabiliter. Encore aujourd’hui, une grande partie des familles normandes sont liées à l’agglomération parisienne (un enfant y travaille, par exemple). Il s’agit par conséquent de retrouver le lien avec l’hinterland industriel caractérisé par la vallée de la Seine.”
“La connexion avec Paris est stratégique. Aujourd’hui, Marseille est beaucoup plus près de Paris que ne l’est Caen. Au-delà du temps de transport, les notions de fréquence, de fiabilité et de confort posent également problème. La ligne Paris/Caen est pourtant très rentable. Si le conseil régional est à Rouen, alors la ligne Paris-Normandie s’arrêtera à Rouen : la connexion au Grand Paris Express est stratégique pour notre développement futur. Une interconnexion avec les TGV à Tours aurait pu s’envisager, pour ne pas avoir à passer par Paris. La Normandie vue par l’Etat, c’est la Normandie concentrée sur l’axe Seine.”
4- La Basse-Normandie, à l’interface entre le bassin parisien et le bassin armoricain
“La Normandie est la seule nouvelle région dont la loi de réforme territoriale donne pour l’instant le nom. Le nom est commun aux deux Régions, mais l’espace normand est-il pour autant si cohérent ?”
“Il ne faut jamais perdre de vue la dimension humaine. La Basse-Normandie correspond à la France des Plantagenets. Elle est très orientées vers le Grand Ouest. Elle dispose d’un nombre de commune excessivement pléthorique : 705 communes dans le Calvados, 400 communes dans les Bouches-du-Rhônes. Cela est directement lié à l’héritage ducal et au découpage des paroisses : plus la terre est riche, plus on a de curés, plus on a de communes. Cela explique les difficultés inhérentes d’organisation du territoire, la dispersion des forces, la difficulté à mutualiser les moyens. La Basse-Normandie est historiquement un territoire allergique à l’intercommunalité. Le mouvement de création de communes nouvelles, issues de la fusion entre-elle, amorce de ce point de vue une dynamique positive.”
“Le trafic vers la Grande Bretagne est très important. Le port de Caen dispose d’une petite capacité mais d’une grosse agilité Il est le 10e port français d’intérêt national et le 15e tout compris.”
5- La Nouvelle Normandie, une Région médiane
“La Normandie sera la 9e Région en population, la 10e en superficie, et la 7e en PIB/habitant. Certains territoires sont riches comme la Manche, 2e taxe professionnelle/habitant, dont les 2/3 proviennent de l’usine de la Hague.”
6- Caen et la péri-urbanisation
“Caen connaît depuis l’après-guerre un phénomène de péri-urbanisation accéléré. Les causes sont multiples : le terrain est plat, les équipements routiers sont de très bon niveau puisque nous disposons de la densité routière la plus forte du monde (beaucoup de communes), l’arrêt de construction de logements au sein de l’agglomération caennaise.”
“Cet arrêt de la construction s’explique en partie par l’arrêt des subventions de l’Etat qui a longtemps soutenu l’équipement des villes afin qu’elles captent l’exode rural. L’Etat a, par exemple, piloté le projet urbain de la Folie Couvrechef. Conséquence : le centre-ville de Caen se vide au profit de sa périphérie, alors qu’on observe une stagnation du nombre d’habitant sur l’agglomération et la métropole. Il s’agit donc d’un jeu à somme nulle : on ne construit pas assez à Caen. Aujourd’hui, l’immobilier se développe au sud de l’agglomération, près de l’A84, car le nord est désormais trop proche de la mer. Le nombre d’habitants par logements ne cesse de diminuer. En cause, l’allongement de la durée de la vie, les séparations familiales, la décohabitation, les études supérieures, etc. On compte désormais plus d’habitants en péri-urbain que dans la ville-centre. ”
“Pour conserver son nombre d’habitants intact, Caen devrait construire chaque année 700 logements : on en est loin ! En 2004, seuls 64 logements neufs ont été construits. L’enjeu est de faire revenir les familles dans le centre reconstruit. Centraliser les familles (par le développement du marché locatif) et périurbaniser les couples, célibataires et personnes âgées.La Guérinière est en train de se transformer en quartier de seniors, à titre d’exemple. La Presqu’île constitue-t-elle un réponse à ces besoins ? Non, pas pour le moment. Les projets envisagés à terme correspond à un an de besoins. L’émergence de projets urbains devient de plus en plus difficile avec l’individualisation de la société et la multiplication des recours juridiques.”
La plateforme aéroportuaire séparée en deux sites :
– Deauville pour les chevaux, le tourisme d’affaire et les charters vers le soleil
– Caen se concentre principalement sur les lignes intérieures
“Il s’agit de deux pistes distantes de 40 km. L’aéroport de Caen est en meilleure santé puisqu’il reverse de l’argent à l’agglomération, tandis que Deauville nécessite une subvention publique. Par ailleurs, Carpiquet est le seul site équipe pour ouvrir la nuit. Avoir un aéroport est indispensable pour la chirurgie cardiaque au CHU, pour l’attractivité vis-à-vis des entreprises, les déplacements du Stade Malherbe… et le désenclavement vers le hub de Lyon notamment.”
8- La stratification sociale
“On observe également que l’emploi est en train de sortir de la ville. Plusieurs fonctions urbaines sont décentrées comme le siège de la CCI à Saint-Contest. Certains commerces typiquement de centre-ville commencent à s’établir hors centre, comme les marchands de lunettes. Le centre et sa force économique se dilatent sur un espace de plus en plus vaste. Un problème de normes explique parfois ce phénomène, comme l’absence d’ascenseur en centre-ville qui oblige les professions libérales à s’établir ailleurs.”
9- Caen et son industrie
“Sur le plan industriel, Caen a fortement subi la crise. Le tertiaire est également en train de sortir du centre. Cela pose la question du plateau-nord : la technopole serait beaucoup plus à développer. Le secteur Koenig est aussi au coeur de l’incertitude : on ne sait pas quelle activité implanter dessus. Caen, seule ville avec Marseille à avoir un bassin de plaisance.”
10- Caen et son commerce
“Le commerce en centre-ville est victime des coûts de location des locaux commerciaux, qui sont bien supérieurs à la rentabilité réelle. Les Rives de l’Orne en sont la démonstration, avec les prix exorbitants pratiqués pour les enseignes. Les enseignes locales continuent à diminuer remplacées par des franchises puis par du tertiaire (agences bancaires, etc.). La rotation des commerces est de plus en plus rapide.”
“Une reconfiguration des centres commerciaux va se produire inévitablement. On subodore que le centre Mondeville 2 connaîtrait une baisse de part de marché (trop vieux). Le centre Caen Carrefour Côte de Nacre tarde également à se moderniser.”
“De plus en plus, les études d’attractivité suggèrent de vendre une ville à vivre. Hambourg s’est ainsi fixé d’attirer les jeunes femmes en âge de procréer.”
“A Caen, le climat n’est pas si mauvais, si l’on excepte la baisse de température en soirée. Caen devrait s’adapter à cela. L’enjeu est également de savoir vendre la ville. Cette fois-ci, il n’y aura pas l’Etat pour nous sauver.”
Plus d’informations sur le site web de l’AUCAME : http://www.aucame.fr/